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LE TEMPS DES NEURONES |
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RÉSUMÉ Le temps des neurones
Quinze minutes de plongée dans le monde étrange et fascinant de nos cellules nerveuses. Grâce aux techniques de la microcinématographie, les phénomènes les plus complexes qui se déroulent dans le cerveau sont enfin montrés. Nous voyons naître les cellules nerveuses, nous les voyons grandir, travailler, mourir. Ces images mettent en évidence deux acteurs principaux : les cellules gliales, responsables de l'architecture et du nettoyage du cerveau, et les neurones qui ont pour fonction de communiquer en produisant des signaux. Un voyage dans le moi le plus intime.
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ARN ET NEURONES A DOPAMINE |
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Un petit ARN qui contrôle la production des neurones à dopamine
Le microARN-7a se trouve à l’origine de la régionalisation des cellules souches dans les parois ventriculaires du cerveau adulte. Sa présence dans les cellules souches latérales empêche l’expression d’une protéine essentielle à la fabrication des neurones dopaminergiques, laissant ainsi cette spécificité aux cellules souches dorsales. En modulant l’activité de ce microARN, il est alors envisageable de générer des neurones à dopamine pouvant remplacer ceux qui dégénèrent au cours de la maladie de Parkinson. Ces résultats prometteurs, obtenus par l’équipe d’Harold Cremer à l’Institut de biologie du développement de Marseille Luminy (IBDML, CNRS/Université Aix-Marseille), ont été publiés dans la revue Nature Neuroscience.
Deux régions du cerveau connaissent un renouvellement neuronal tout au long de la vie : le bulbe olfactif, impliqué dans l’olfaction, et l’hippocampe, impliqué dans la mémoire et l’apprentissage. Au cours de la neurogenèse olfactive, les cellules souches situées sur les parois des ventricules cérébraux génèrent différents types de neurones, qui migrent sur une longue distance pour coloniser le bulbe olfactif et jouent un rôle important dans la perception des odeurs. Cette diversité neuronale est due à l’existence d’une variété de cellules souches au destin prédéterminé. Les cellules souches de la paroi ventriculaire dorsale produisent par exemple des neurones libérant de la dopamine, alors que les cellules souches de la paroi latérale des ventricules génèrent des neurones à GABA, un neurotransmetteur inhibiteur bien connu.
Les chercheurs de l’IBDML ont étudié la régulation de cette régionalisation des cellules souches à l’échelle moléculaire. En travaillant sur des souriceaux, ils ont montré que l’expression de la protéine Pax6, essentielle à la production des neurones à dopamine, est restreinte aux cellules souches dorsales dans les parois ventriculaires. De manière très surprenante, ils ont observé que le gène Pax6 était pourtant transcrit dans les cellules souches des parois latérales, démontrant ainsi qu’une régulation post-transcriptionnelle vient se surimposer à la régulation transcriptionnelle classique afin d’empêcher la traduction de Pax6 en protéine active dans ces cellules.
Les scientifiques ont alors démontré que c’est un petit ARN non traduit, enrichi dans les cellules souches latérales et appelé « microARN-7a », qui permet la restriction de Pax6 dans les cellules souches dorsales, en se liant à l’ARN messager de Pax6 et en inhibant ainsi sa traduction en protéine dans les cellules latérales. Ce résultat a été obtenu en utilisant la technique d’électroporation in vivo, qui permet de faire entrer tout type de matériel génétique dans les cellules souches dorsales ou latérales, et des méthodes modernes de séquençage développées par la plate-forme transcriptomique de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC, CNRS/Université Nice Sophia Antipolis) dirigé par Pascal Barbry. Les chercheurs ont ensuite mis en évidence que le blocage génétique du microARN-7a dans les cellules souches latérales suffisait à y induire l’expression de Pax6 et à changer leur destin, en leur faisant produire des neurones à dopamine.
Cette régulation post-transcriptionnelle ajoute un niveau de complexité à la régionalisation des cellules souches dans le cerveau adulte et permet un réglage extrêmement fin de l’expression des gènes entre cellules voisines. Dans une perspective thérapeutique, il est très intéressant d’observer que la modulation d’un seul petit ARN non traduit suffit à augmenter la production de neurones dopaminergiques ayant un potentiel de remplacement cellulaire dans le contexte de la maladie de Parkinson. En effet, les neurones à dopamine olfactifs ne sont pas affectés chez les patients parkinsoniens et présentent des caractéristiques similaires aux neurones qui dégénèrent au fil de la maladie, comme la libération spontanée de dopamine. Ces neurones à dopamine pourraient donc être remplacés par leurs précurseurs des parois ventriculaires, dont le nombre peut largement être augmenté par inhibition du microARN-7a.
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DISPARITION DES ABEILLES 2 |
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Paris, 7 juillet 2011
Pathogènes et insecticides : un cocktail mortel pour les abeilles
L'infection par Nosema ceranae, un parasite responsable de la nosémose (1), entraîne une plus forte mortalité des abeilles lorsque celles-ci sont exposées à de faibles doses d'insecticides. C'est ce que viennent de mettre en évidence des chercheurs du Laboratoire Microorganismes : Génome et Environnement (LMGE, CNRS/Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2) et du Laboratoire de Toxicologie Environnementale (LTE, INRA Avignon). Ces résultats sont publiés dans la revue PLoS ONE.
En France, les abeilles domestiques de l'espèce Apis mellifera représentent l'outil de travail d'environ 70 000 apiculteurs professionnels et amateurs. Leur influence directe sur la qualité et la quantité des récoltes, ainsi que sur le maintien de la biodiversité florale, est aujourd'hui largement reconnue et souligne le rôle prépondérant des abeilles, domestiques et sauvages, dans le fonctionnement des écosystèmes.
Cependant, depuis plus de 15 ans, les colonies d'abeilles sont en proie à un mal étrange et peu compris des apiculteurs et des scientifiques, avec chaque année, des milliers de colonies qui disparaissent. Pour expliquer ce phénomène, observé principalement par les apiculteurs européens et américains, de nombreuses pistes sont avancées : l'appauvrissement de la diversité et de la qualité des ressources alimentaires (en lien avec les changements climatiques), l'intensification des monocultures et la modification des paysages, l'action d'agents pathogènes responsables de maladies comme la varroase (2), les loques (3) et la nosémose, le stress chimique provoqué par l'exposition des abeilles aux produits phytosanitaires et vétérinaires ou encore certains prédateurs tels que le frelon asiatique. Bien que de nombreuses données soient disponibles sur l'influence des stress nutritionnel, parasitaire et chimique sur la santé des abeilles, aucun d'entre eux n'a pu être isolé comme unique responsable du déclin des populations d'abeilles. Aujourd'hui, les spécialistes du domaine s'accordent pour orienter les recherches sur les effets combinés de plusieurs de ces facteurs.
C'est dans ce contexte que des équipes de recherche du CNRS, de l'INRA et de l'Université Blaise Pascal ont associé leurs compétences respectives en parasitologie et en toxicologie pour évaluer l'influence des interactions pathogène-toxique sur la santé des abeilles. En laboratoire, les chercheurs ont exposé de façon chronique des abeilles naissantes saines et d'autres contaminées par Nosema ceranae à de faibles doses d'insecticides. Résultat : les abeilles infectées par Nosema ceranae puis exposées de façon chronique aux insecticides succombent, même à des doses se situant en dessous du seuil entrainant la mort, ce qui n'est pas le cas de leurs congénères non infectées. Cet effet combiné sur la mortalité des abeilles apparaît pour une exposition quotidienne à des doses pourtant très faibles (plus de 100 fois inférieures à la DL50 (4) de chaque insecticide). La synergie observée ne dépend pas de la famille d'insecticides puisque les deux molécules étudiées, le fipronil et le thiaclopride (5), appartiennent à des familles différentes. Le mode d'action responsable de cette synergie n'a cependant pas été encore identifié.
Cette étude montre donc que l'interaction entre nosémose et insecticides constitue un risque significatif supplémentaire pour les populations d'abeilles et pourrait expliquer certains cas de surmortalité. Ce travail indique également que des doses d'insecticides considérées comme ne pouvant entrainer la mort expriment pourtant un potentiel toxique létal pour des organismes parasités et donc fragilisés. Par conséquent ces résultats montrent la nécessité d'améliorer la gestion et la protection du cheptel apicole face au danger que représentent les pollutions environnementales et les pathogènes (seuls ou en combinaison) sur la santé de l'abeille. L'équipe « Interactions Hôtes-Parasites » du Laboratoire Microorganismes : Génome et Environnement (LMGE, CNRS/Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2) travaille justement à rechercher de nouveaux moyens de lutte contre cet agent pathogène.
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DISPARITION DES ABEILLES |
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Paris, 29 mars 2012
Les abeilles désorientées par une faible dose d'insecticide
Pour la première fois, une équipe de recherche française multipartenariale a mis en évidence le rôle d'un insecticide dans le déclin des abeilles, non pas par toxicité directe mais en perturbant leur orientation et leur capacité à retrouver la ruche. Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont collé des micropuces RFID sur plus de 650 abeilles. Ils ont ainsi pu constater l'importance du non-retour à leur ruche des butineuses préalablement nourries en laboratoire, avec des doses très faibles d'un insecticide de la famille des "néonicotinoïdes", le thiaméthoxam, utilisé pour la protection des cultures contre certains ravageurs, notamment par enrobage des semences. Une simulation basée sur ces résultats laisse penser que l'impact de l'insecticide sur les colonies pourrait être significatif. Ces résultats ont été publiés dans la revue Science le 29 mars 2012.
Les questions sans réponse aujourd'hui sur le déclin des populations de pollinisateurs, qui touche les abeilles domestiques comme leurs homologues sauvages (bourdons, osmies, etc.), ont conduit tous les acteurs concernés à unir leurs forces. Ainsi, chercheurs (INRA, CNRS), et ingénieurs des filières agricoles et apicoles (ACTA, ITSAP-Institut de l'abeille, ADAPI) ont, dans le cadre d'un partenariat pluridisciplinaire (voir encadré) sur l'évaluation du déclin des abeilles, étudié le rapport entre l'ingestion d'un insecticide de la famille des néonicotinoïdes et la mortalité des butineuses. Leurs travaux montrent que l'exposition à une dose faible et bien inférieure à la dose létale de cette molécule entraîne une disparition des abeilles deux à trois fois supérieure à la normale.
Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont utilisé une méthodologie innovante : des micropuces RFID ont été collées sur le thorax de plus de 650 abeilles, ce qui a permis de contrôler individuellement leur entrée ou leur sortie de la ruche grâce à une série de capteurs électroniques. La moitié des individus a été nourrie avec une solution sucrée contenant une dose très faible d'insecticide, comparable à celle que les abeilles peuvent rencontrer dans leur activité quotidienne de butinage de nectar sur une culture traitée.
L'autre moitié, le groupe témoin, a reçu une solution sucrée sans insecticide. L'ensemble des 650 butineuses a ensuite été relâché à 1 kilomètre de leur ruche, une distance habituelle de butinage chez les abeilles domestiques. En comparant les proportions de retours à la ruche des deux groupes d'abeilles, les chercheurs ont évalué le taux de disparition imputable à l'ingestion du produit testé. L'équipe a mis en évidence un taux significatif de non-retour à la ruche des abeilles, par un phénomène de désorientation dû à l'intoxication à faible dose. Lorsqu'elle est combinée à la mortalité naturelle, cette disparition liée à l'insecticide aboutit à une mortalité journalière de 25% à 50% chez les butineuses intoxiquées, soit jusqu'à trois fois le taux normal (environ 15% des butineuses par jour).
Afin d'évaluer l'impact de l'augmentation du taux de mortalité en période de floraison, ces valeurs ont été introduites dans un modèle mathématique simulant la démographie des colonies d'abeilles. Les résultats montrent que si la majorité des butineuses étaient contaminées chaque jour, l'effectif de la colonie pourrait chuter de moitié pendant le temps de la floraison, et jusqu'à 75 % dans les scenarii les plus pessimistes. Ce déclin démographique serait critique, à une période où la population de la colonie devrait atteindre un maximum, un préalable nécessaire au stockage de réserves alimentaires et à la production de miel.
Cette désorientation a donc le potentiel de déstabiliser le développement normal de la colonie, ce qui peut en outre la rendre vulnérable aux autres facteurs de stress que sont les pathogènes (varroa, Nosema, virus) ou les variations de la disponibilité des ressources florales naturelles. Cette étude indique ainsi qu'une exposition des abeilles butineuses à un insecticide néonicotinoïde pourrait affecter à terme la survie de la colonie, même à des doses bien inférieures à celles qui conduisent à la mort des individus.
À court terme, les partenaires de l'unité mixte technologique PrADE (Protection des abeilles dans l'environnement) en lien avec les instituts techniques agricoles concernés ARVALIS-Institut du végétal et CETIOM (deux instituts techniques spécialistes des grandes cultures et notamment maïs et colza), mèneront des expérimentations en grandeur réelle, dans les conditions des pratiques culturales y compris pour la phase d'administration de l'insecticide, en utilisant cette même technologie RFID de suivi individuel des abeilles.
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