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SOCRATE

 

Socrate

Cet article fait partie du dossier consacré à la Grèce antique.

Philosophe grec (Alôpekê, Attique, 470-Athènes 399 avant J.-C.).
Homme de la parole philosophique en cette époque du « siècle de Périclès » féconde entre toutes pour l’histoire de la pensée en Occident, Socrate fit de l’intelligence l’instrument d’une quête méthodique de la vérité. Son enseignement, propagé par les dialogues de Platon, fut si déterminant que la vie de l’esprit en fut à jamais transformée.
1. La vie de Socrate : le maître de l'agora

Né dans un milieu modeste, Socrate a pour père Sophronisque, un simple sculpteur, et pour mère Phainarète, qui exerce la profession de sage-femme. Voué lui-même au métier de sculpteur, il l’abandonne pour se consacrer à la philosophie. Sa vie consiste alors à discuter avec ses concitoyens, en déambulant où que ce soit dans Athènes, mais de préférence sur l’agora (centre religieux, politique et commercial de la ville grecque antique).
De la vie de Socrate peu de choses nous sont parvenues. On sait qu’il a eu trois enfants (Lamproclès, Sophonisque et Ménéxène) d’un ou de trois mariages. On sait aussi qu’il n’est sorti que quatre fois d’Athènes : en 432-429 avant J.-C. pour la bataille de Potidée, en 424 pour la bataille de Délium, en 422 pour l'expédition d'Amphipolis et à une date incertaine pour aller consulter l'oracle de Delphes.
Un curieux professeur

À une époque où fleurissent les « maîtres de savoir » professionnels, il ne se prétend pas fondateur d’école et, s’il a des disciples, jeunes gens fortunés – Platon, Alcibiade, Xénophon – ou simples artisans, c’est qu’ils viennent spontanément s’entretenir avec lui. Il n'écrit rien mais il le dit lui-même : « Si on me pose des questions, j’y réponds ; si on préfère que j’en pose, je m’exécute. »
À la différence des sophistes, professeurs itinérants, Socrate ne fait pas payer ses leçons. Il a la réputation de vivre dans la pauvreté. Mais, pendant la guerre du Péloponnèse, il sert comme hoplite (fantassin lourdement armé), ce qui sous-entend qu’il dispose d’un minimum de bien. À la guerre, il fait preuve de sa valeur mais aussi de son endurance. Alcibiade en témoigne : « Il ne ressemble à aucun homme, ni des temps anciens, ni des temps actuels. » Il peut aussi, de l’aube d’un jour à l’aube du jour suivant, rester « planté comme une souche » afin de trouver la solution au problème qu’il se pose.
Alcibiade, l'élève préféré de Socrate

AlcibiadeAlcibiade
Pupille de Périclès, Alcibiade faisait partie de la jeunesse dorée d’Athènes qui n’avait que vénération pour Socrate – un homme aux traits disgracieux (d’un avis unanime) mais à l’esprit supérieur. Durant la guerre du Péloponnèse, il fut deux fois son compagnon d’armes, lors de la bataille de Potidée, où Socrate lui sauva la vie, puis lors de la bataille de Délium, où c’est lui qui se porta au secours de Socrate.
Pour Socrate comme pour Platon, qui fit d’Alcibiade l’un des protagonistes du Banquet et le héros de tout un dialogue (Alcibiade, sous-titré De la nature de l’homme), le jeune aristocrate incarnait l’idéal grec du kalos kagathos, selon lequel la beauté du corps était le reflet de la noblesse de l’âme. Hélas ! L’arriviste qui sommeillait en lui précipita la ruine d’Athènes en provoquant l’expédition de Sicile de 415 avant J.-C., devenant ainsi, selon le mot de Jacqueline de Romilly, le « beau fossoyeur » de sa patrie.
Socrate vu par ses contemporains

Trois de ses contemporains parlent de Socrate. Aristophane le ridiculise dans les Nuées (423 avant J.-C.). Platon a vingt ans quand il rencontre Socrate. Des huit années qu'il passe auprès de lui, tous les dialogues portent sans doute la trace, mais les premiers sont plus riches en informations (Apologie de Socrate, Criton, le Banquet, Phédon, Théétète). Quant à Xénophon (auteur également d'une Apologie de Socrate), il a fréquenté Socrate à la même époque, mais semble-t-il moins assidûment ; l'intérêt de ses Mémorables s'en ressent. Entre les trois portraits que font ces auteurs, l'accord est loin de régner.
Sans doute le Socrate d'Aristophane est-il plus jeune, mais, pour avoir le même âge, celui de Platon et celui de Xénophon ne se ressemblent pas. Qu'y a-t-il de commun entre le personnage quelconque évoqué par ce dernier et la figure qui, à travers les dialogues de Platon, dominera toute la philosophie ?
2. La philosophie de Socrate

Une attitude : l'ironie

Socrate n’a pas toujours la philosophie facile. Face aux esprits exigeants que sont ses interlocuteurs, il doit batailler dur ; s’il se trouve à court d’argument, il s’en veut et parle d’un « démon intérieur » comme d’un contradicteur qui le rappelle à l’ordre. La plupart du temps, il est vrai, c’est lui qui s’amuse de ceux qui l’approchent (l’« ironie socratique ») et, s’il le faut, qui les malmène en les poussant dans leurs retranchements. L’enjeu, en effet, dépasse leur personne : c’est l’homme en général que Socrate s’efforce de changer en homo philosophicus. Il faut donc que son raisonnement soit sans défaut pour que sa pensée soit la plus universelle possible, et pour que lui-même ne soit pas seulement un grand homme d’Athènes, « mais du monde », comme le dira Montaigne.
« Connais-toi toi-même »

Lors de son voyage à Delphes, Socrate découvre l’injonction inscrite au fronton du temple d’Apollon : « Connais-toi toi-même » (gnôthi seauton). Il en fera la maxime de sa vie, tout entière consacrée à révéler aux consciences ce qu’elles sont au fond d’elles-mêmes et à les faire passer du savoir apparent au savoir vrai.
La première chose à savoir sur soi-même est en effet l’état d’ignorance où l’on se trouve : « Je sais que je ne sais rien. » Aussi Socrate, comparant sa « sagesse » à celle d’un autre Athénien, déclare-t-il : « Il y a cette différence que, lui, il croit savoir, quoiqu’il ne sache rien ; et que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu’en cela du moins je suis un peu plus sage – je ne crois pas savoir ce que je ne sais point » (Apologie de Socrate).
Une méthode : la dialectique et la maïeutique

Pour conduire la jeunesse d’Athènes sur la voie du Vrai, du Beau et du Juste, Socrate met en application une méthode qui repose sur l’art du dialogue contradictoire – la dialectique – et, comme le confirmera Aristote, sur l’« art d’accoucher les esprits » – la maïeutique. C’est ainsi qu’au jeune Théétète médusé, il apprend que son âme (son esprit) est « en butte aux douleurs de l’enfantement » au moment d’accoucher de ses opinions sur la nature de la science. Socrate présidera au « travail » de son âme afin que, de question en question, celle-ci donne naissance à l’opinion vraie – la seule qui ait le droit d’exister.
3. Le procès et la mort de Socrate

Au lendemain du régime des Trente, qui avait mis à bas la démocratie, celle-ci est restaurée par Thrasybule revenu d’exil. À Athènes, cependant, le climat reste tendu. Indifférent aux honneurs et aux compromissions, Socrate irrite. Par surcroît, son admiration pour Sparte, la cité rivale d'Athènes, le rend suspect. Surtout, il est celui qui, ayant toute sa vie pris le parti de la raison, a ébranlé au moins autant les certitudes que les traditions de ses compatriotes.


C’est alors que trois citoyens d’Athènes, le tailleur Anytos flanqué du poète Mélétos et du rhéteur Lycon, accusent Socrate d’« avoir honoré d’autres dieux que ceux de la cité et tenté de corrompre la jeunesse », sous le prétexte qu’il y avait parmi les Trente plusieurs de ses anciens élèves.
Son procès sera celui de la conscience individuelle en butte à l’abus de pouvoir et à la démagogie.
Se chargeant lui-même de sa défense (qu’exposent en détail les deux textes dits Apologie de Socrate) mais se refusant à invoquer la pitié de ses juges, Socrate est condamné à mort par 281 voix contre 278. À ses amis qui le pressent de s’enfuir, il répond qu’il préfère « subir l’injustice plutôt que de la commettre » : il détruirait la cité s’il ne respectait pas son jugement. Alors, il accepte la coupe de ciguë qui va lui ôter la vie. En ce soir de mars 399 avant J.-C., il aura ces derniers mots : « Je tiens d’une noble tradition qu’il faut en quittant la vie se garder de paroles funestes. »
Dans l’histoire de la philosophie, la rupture est faite. Il y aura les « présocratiques » et les « postsocratiques ». La science de l’homme qui commence avec Socrate trouvera en Platon puis en Aristote ses féconds continuateurs. Et, plus de 2000 ans après sa mort, Paul Valéry pourra écrire : « Grand Socrate, adorable laideur, toute-puissante pensée, qui changes le poison en un breuvage d’immortalité »(Eupalinos ou l’Architecte).

 

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NIETZSCHE

 


 

 

 

Friedrich NietzscheFriedrich Nietzsche


Philosophe allemand (Röcken, près de Lützen, 1844-Weimar 1900).
Friedrich Nietzsche fut le penseur qui soumit à un doute radical tout l'acquis de la pensée occidentale, de Platon à Descartes. Sa propre philosophie est celle qui appelle de ses vœux le « surhomme », victorieux du Temps parce qu'il inscrit son action dans un « éternel retour ».
Une éducation privilégiée

Fils et petit-fils de pasteurs luthériens, Friedrich Nietzsche a tout juste deux ans lorsque son père meurt. À Naumburg, où sa famille s'installe, il grandit au milieu de femmes : sa mère, sa sœur cadette Elisabeth, sa grand-mère et deux tantes. Toutes l'entourent du respect suscité par l'enfant prodige qu'il est, montrant un don précoce pour la musique.
En 1858, Nietzsche est envoyé dans une école protestante faite pour l'élite et, en 1864, il s'inscrit à l'université de Bonn, où il étudie la théologie et la philologie classique. Mais c'est surtout à l'écriture musicale qu'il se consacre. En 1865, il suit à Leipzig son professeur et mentor, le latiniste Friedrich Wilhelm Ritschl (1806-1876), qui le tient pour un génie. Sur la recommandation de Ritschl, il obtient en 1869 – alors qu'il n'a pas encore soutenu de thèse – un poste de professeur de philologie classique à l'université de Bâle.
L'époque des affinités rompues

À Leipzig, Nietzsche a découvert la philosophie en lisant le Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer. L'art, pensé comme contemplation du beau, y apparaît comme une consolation aux tourments de l'existence. Nietzsche croit voir la réalisation de ce projet philosophique dans la musique de Richard Wagner. De 1869 à 1872, il fait partie du cercle des intimes du compositeur, auquel il dédie son premier ouvrage : paru en 1872, celui-ci a pour titre la Naissance de la tragédie et pour sous-titre Hellénisme et pessimisme, ce dernier terme étant emprunté à Schopenhauer ; le philologue devenu esthéticien suscite de brûlantes controverses en portant sa première attaque contre l'idéalisme de Platon. Nietzsche rompt pourtant avec sa double filiation en publiant, entre 1873 et 1876, les quatre Considérations inactuelles (ou intempestives) : il rejette la philosophie de Schopenhauer, afin de proclamer « l'acquiescement à la vie », et la dramaturgie wagnérienne, parce qu'elle est fondée sur l'exaltation de la mythologie germanique.
Depuis 1874, Nietzsche fait l'épreuve de la maladie – migraines et troubles oculaires –, qu'il accueille cependant, par-delà la souffrance, comme un moment de liberté : il en finit alors « avec cette habitude de céder, de faire comme tout le monde, de [se] prendre pour un autre ». En 1879, il démissionne de l'enseignement. Avec la maigre pension du gouvernement suisse pour tout viatique, il mène une vie d'errance, en Bohême, en Italie, en France, surtout à la recherche des stations thermales qui conviendront le mieux à son état de santé.
L'époque des ouvrages fondateurs

Les années d'errance sont aussi celles du surgissement de l'œuvre proprement nietzschéenne. Humain, trop humain (1878) inaugure une période de critique totale, qui se poursuit avec le Voyageur et son ombre (1879) et Aurore (1881). Ces livres sont comme « une forme supérieure de guérison ». Nietzsche a recours à l'aphorisme pour rendre compte d'une réalité faite de multiples « perspectives ». Par son style même, il nous invite à nous méfier des systèmes rassurants, comme celui de Descartes, dont le « je pense, donc je suis » est soumis à une critique en règle : il n'est pas certain, dit Nietzsche, que je sois l'être qui représente ce que je me représente. Dans le Gai Savoir (1882), il reformule l'idée (stoïcienne à l'origine) de l'éternel retour : il n'est pas question de croire en un absurde retour des choses, mais d'éprouver la force de la volonté, en voulant toujours ce qu'on a voulu une fois – ce qui signifie renoncer au temps linéaire de l'histoire judéo-chrétienne.
Paru en plusieurs parties entre 1883 et 1885, Ainsi parlait Zarathoustra ne se vend qu'à une centaine d'exemplaires. C'est pourtant, parmi ses œuvres, celle dont Nietzsche déclare : « En l'offrant à l'humanité, je lui ai fait le plus grandiose présent qu'elle ait jamais reçu. » Il choisit la forme du discours poétique pour exposer les thèmes essentiels de sa philosophie que sont la mort de Dieu et l'apparition du surhomme (Übermensch) : le surhomme est celui qui est animé de la volonté de puissance – entendue non comme désir de domination mais comme force créatrice – et celui qui accepte, d'abord dans la gravité puis dans la joie, l'épreuve de l'éternel retour. « Quel que soit l'état que ce monde puisse atteindre, il doit l'avoir atteint, et cela, non pas une fois, mais d'innombrables fois. »
Le crépuscule du penseur

Nietzsche s'emploie ensuite à détruire définitivement ce qui a été ébranlé dans le Zarathoustra : la morale dans Par-delà bien et mal (1886) et dans la Généalogie de la morale (1887), la religion dominante dans l'Antéchrist (1888 [publié en 1896]) et toutes les formes d'idéalisme dans le Crépuscule des idoles (1888). Dès la fin de 1888, il écrit des lettres étranges, puis, le 3 janvier 1889, alors qu'il se trouve à Turin, il sombre dans l'aliénation mentale. D'abord interné à Iéna, il est ensuite recueilli, à Naumburg, par sa mère – qui lui en veut cependant d'« avoir tué le Christ » – et, finalement, à Weimar, par sa sœur Elisabeth (1846-1935), qui sera la dépositaire de ses derniers manuscrits. En 1901, c'est sa sœur qui publie, sous le titre la Volonté de puissance, ce qui n'est pas réellement une œuvre de Nietzsche, mais une compilation posthume d'aphorismes sélectionnés et parfois même partiellement réécrits. En désaccord avec le texte d'Ecce Homo, datant de 1888, elle en retardera la parution jusqu'en 1908.
La sœur Walkyrie

Elisabeth Nietzsche, surtout connue sous son nom d'épouse – Elisabeth Förster Nietzsche –, fut pour Friedrich une sœur attentionnée et complice, dont l'affection, à l'âge adulte, se mua en une passion dévorante, qui la poussa notamment à s'immiscer dans la vie sentimentale de son frère. C'est elle, notamment, qui mit fin à la liaison – pourtant toute spirituelle – que celui-ci eut avec la jeune Lou Andreas-Salomé entre 1882 et 1883.
Nietzsche, sur la fin de sa vie, n'était plus que l'ombre de lui-même. Il tomba complètement sous la coupe d'Elisabeth, qui gérait ses archives. C'est sa sœur qui entreprit de diffuser son œuvre, quitte à jouer les faussaires afin de transformer Friedrich en héros de la « nouvelle Allemagne ». Trente ans durant, après la mort de son frère, elle chercha à imposer une interprétation de la pensée nietzschéenne qui allait dans le sens de ses propres convictions aryennes – parachevées par son adhésion au national-socialisme.

 

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PHILOSOPHIE

 


PHILOSOPHIE1, subst. fém.
PHILOSOPHIE2, subst. fém.

I.
A. − [Avec fondement théorique explicite, en tant que réflexion critique]
1. HIST. ou vieilli
a) ANTIQ. et jusqu'au xixes. Toute connaissance rationnelle quel que soit son objet; système général des connaissances humaines. Les Grecs appellent philosophie, comme au temps de Thalès, l'ensemble des connaissances humaines. La faculté de philosophie remplace à elle seule une faculté des lettres et une faculté des sciences (About, Grèce,1854, p.248).J'aime Leibnitz, réunissant sous le nom commun de philosophie les mathématiques, les sciences naturelles, l'histoire, la linguistique (Renan, Avenir sc.,1890, p.231).La philosophie (...) s'étend à tous les domaines de l'action et du savoir, elle peut et doit contenir le système complet des connaissances, ce système peut et doit atteindre à la perfection en même temps qu'à l'universalité. (...) tout le système du savoir tel que Descartes l'a décrit, est tiré, par une opération purement intellectuelle, d'un petit nombre de principes a priori estimés évidents (J.-Fr. Revel, Hist. de la philos. occ.,t.2, 1970, p.128).V. fragmenter ex. 4:
1. La philosophie avait pour objet le développement de la connaissance et l'exercice de la raison; ceux qui s'y dévouaient, étrangers au monde, étaient les sages par excellence, et il a fallu un étrange abus de mots pour que ce nom devînt un titre de proscription. Maine de Biran, Journal,1817, p.44.
− [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
♦ Philosophie de la nature, philosophie naturelle
Philosophie de la nature ou philosophie naturelle. Ensemble des disciplines qui ont pour objet le monde matériel. À chaque étape du progrès de nos connaissances en philosophie naturelle, s'introduisent des éléments nouveaux qui nous obligent souvent à refondre entièrement l'ensemble de notre interprétation des faits physiques (L. de Broglie, Nouvelles perspectives en microphysique,1956, p.49).
[Par recoupement avec I A 1 b β] Philosophie naturelle. Connaissance qui se fonde sur l'expérience, la raison, et est hostile à la révélation. La philosophie naturelle et (...) l'esprit scientifique, dont la première condition est de n'avoir aucune foi préalable et de rejeter ce qui n'arrive pas (Renan, Souv. enf.,1883, p.274).D'où vient que, si ombrageux, si combatifs, quand il s'agit de philosophie naturelle, les défenseurs de la tradition religieuse et des dogmes le soient si peu en matière de spéculation morale? (Lévy-Bruhl, Mor. et sc. moeurs,1903, p.45).
Philosophie de la nature, p.oppos. à philosophie de l'esprit. Ensemble des réflexions des philosophes postkantiens (notamment de Schelling et de Hegel) sur la nature matérielle. Après l'idéalisme subjectif de Kant et de Fichte, vint la philosophie de la nature, retour à la réalité (Vigny, Journal poète,1847, p.1252).
♦ [Chez A. Comte] Philosophie positive*.
♦ Philosophie première. Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude des premières causes et des premiers principes. P. oppos. chez Aristote à philosophie seconde, synon. de physique. Aristote ne pouvait voir dans la philosophie première qu'un système de la science objective, qu'une théorie concrète de ses principes: il créa la métaphysique. Science des principes, la philosophie d'Aristote est encore la science, d'intention du moins (J. Lagneau, Célèbres leçons et fragments,Paris, P.U.F., 1964 [1880], p.93).Seule, la philosophie première, c'est-à-dire de l'être lui-même se posant lui-même est positive (J. Wahl, La Philosophie première de V. Jankélévitchds R. de Métaphys. et de Mor., 1955, p.161).
b) En partic.
α) Philosophie ou philosophie chimique ou philosophie hermétique. Synon. de alchimie.La notion métaphysique de la matière première universelle de Platon est transformée et concrétée en quelque sorte, par un artifice de métaphysique matérialiste que nous retrouvons dans la philosophie chimique de tous les temps: elle est identifiée avec le mercure des philosophes (Berthelot, Orig. alchim.,1885, p.273).V. hermétique ex. 1:
2. ... le comte de Kueffstein était un riche seigneur, occultiste ardent, qui, comme l'avait fait Paracelse, le démiurge d'Occident, parcourait les pays d'Europe à la recherche de la solution des grands problèmes de la philosophie et était l'hôte de tous les alchimistes, nécromanciens, cabalistes et initiés... Cendrars, Bourlinguer,1948, p.141.
β) Attitude intellectuelle des philosophes du xviiies. (v. philosophe I A 1 b β). Ces principes de la raison et de la nature, que la philosophie avait su lui rendre chers [au peuple] (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p.168).Comme elle s'est faite [la Révolution], au nom de la philosophie, on en a conclu qu'il fallait être athée pour aimer la liberté (Staël, Consid. Révol. fr.,t.2, 1817, p.457).Si les maîtres de la philosophie ne paraissent pas à la tribune et aux affaires, c'est que, à l'aurore de la Révolution, ils sont morts presque tous (Maurras, Avenir intellig.,1905, p.33):
3. La philosophie prétend répandre des lumières, et le commerce créer des richesses; il faut prouver au monde qu'ils font tout le contraire; que la philosophie, avec ses faux droits de l'homme et ses faux équilibres de pouvoirs, ne répand que ténèbres et anarchie; que le commerce, avec sa concurrence mensongère, ses menées d'accaparement et de falsification, appauvrit les producteurs et les consommateurs, qu'il n'est qu'une sangsue de l'industrie. Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p.16, 17.
γ) Surtout au XIXes. Fondements généraux, principes de base d'une science. Il est regrettable (...) que cet enseignement populaire de la philosophie astronomique ne trouve pas encore, chez tous ceux auxquels il est surtout destiné, quelques études mathématiques préliminaires, qui le rendraient à la fois plus efficace et plus facile (Comte, Esprit posit.,1844, p.132).Dans un ouvrage remarquable sur la philosophie minéralogique et sur l'espèce minéralogique paru en 1801, Déodat Dolomieu développa (...) toutes les conséquences de l'identité posée par ce dernier [Haüy] entre le concept d'espèce minérale et celui de molécule intégrante (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.344):
4. Les cosmologistes devaient, d'abord, par l'avènement de la chimie, pousser l'étude de l'ordre matériel jusqu'à ses phénomènes les plus nobles et les plus compliqués. Mais il fallait ensuite que les biologistes descendissent convenablement aux fonctions vitales les plus grossières et les plus simples, seules susceptibles de se rattacher directement à cette base inorganique. Tel fut le principal résultat de l'admirable conception due au vrai fondateur de la philosophie biologique, l'incomparable Bichat. Comte, Catéch. posit.,1852, p.126.
− P. méton. Ouvrage qui traite des principes de base d'une science. Philosophie botanique de Linné. Cette Philosophie zoologique présente les résultats de mes études sur les animaux, leurs caractères généraux et particuliers, leur organisation, les causes de ses développemens et de sa diversité, et les facultés qu'ils en obtiennent (Lamarck, Philos. zool.,t.1, 1809, p.xvii).
2. Courant
a) [Gén. empl. seul]
α) La philosophie. Réflexion critique sur les problèmes de l'action et de la connaissance humaine; effort vers une synthèse totale de l'homme et du monde. C'est la philosophie qui nous apprend à connaître notre nature, et la pratique de ses leçons s'appelle la vertu (P. Leroux, Humanité,1840, p.119).La philosophie n'est pas seulement le retour de l'esprit à lui-même, la coïncidence de la conscience humaine avec le principe vivant d'où elle émane, une prise de contact avec l'effort créateur. Elle est l'approfondissement du devenir en général, l'évolutionisme vrai, et par conséquent le vrai prolongement de la science, −pourvu qu'on entende par ce dernier mot un ensemble de vérités constatées et démontrées (Bergson, Évol. créatr.,1907, p.368).La philosophie est une prise de position raisonnée par rapport à la totalité du réel. Le terme de «raisonné» oppose la philosophie aux prises de positions purement pratiques ou affectives ou encore aux croyances simplement admises sans élaboration réflexive: une pure morale, une foi (J. Piaget, Sagesse et illusions de la philos.,1965, p.57).V. converger ex. 2:
5. Le concept de philosophie tend à désigner très généralement toute image du monde et toute sagesse humaine, la prise de conscience humaine du réel, quels qu'en soient les éléments et les modalités. Le droit à la philosophie devient un des droits de l'homme, en dehors de toute question de longitude, de latitude et de couleur de peau. G. Gusdorf, Traité de métaphys.,Paris, Armand Colin, 1956, p.7.
β) Une philosophie. Conception, démarche philosophique; système philosophique constitué. Synon. doctrine, théorie.La philosophie pure n'a pas exercé d'action bien immédiate sur la marche de l'humanité avant le XVIIIesiècle, et il est beaucoup plus vrai de dire que les époques historiques font les philosophies, qu'il ne l'est de dire que les philosophies font les époques (Renan, Avenir sc.,1890, p.24).De ressentir l'être dans l'homme, et de les distinguer si nettement, de rechercher une certitude du degré supérieur par une sorte de procédure extraordinaire, ce sont les premiers signes d'une philosophie (Valéry, Variété II,1929, p.16).V. côtoyer ex. 2.
− P. méton. Ouvrage, traité de philosophie. Dans quelques années, j'écrirai certainement une Philosophie (Lamart., Corresp.,1834, p.69).
γ) Discipline qui constitue la matière principale de l'une des classes terminales de l'enseignement secondaire ou un cycle d'études dans l'enseignement supérieur et qui comprend la psychologie, la morale et la sociologie, la philosophie générale, l'esthétique, la logique et la philosophie des sciences. Cours, dissertation de philosophie; baccalauréat, licence, agrégation de philosophie; chaire, professeur de philosophie. Une des grandes grâces de Saint-Sulpice fut la dévotion à l'Esprit-Saint. Mes cahiers de philosophie et de théologie l'attestent (Dupanloup, Journal,1876, p.33).Sur les quatre certificats de philosophie, un seul −logique et philosophie générale −évoquait les débats actuels. Les deux autres −psychologie, morale et sociologie −relevaient déjà des sciences humaines ou sociales (R. Aron, Mém.,1983, p.38):
6. Nous avons une classe de philosophie dans les lycées, ce qui montre assez clairement qu'il n'y a point pour nous de véritable culture si, au delà de toutes les disciplines spéciales, la réflexion ne vient pas s'appliquer aux lois de la pensée, aux principes de la conduite, à la vie profonde de l'homme pour en scruter la signification et la valeur... R. Le Senne, Introd. à la philos.,Av.-pr. de L. Lavelle, 1947 [1939], p.V.
♦ Philosophie générale. ,,Ensemble des questions de philosophie que soulèvent la psychologie, la logique, la morale, l'esthétique, mais qui n'appartiennent pas au domaine spécial de l'une de ces sciences`` (Lal. 1968). Synon. métaphysique.Je fus reçue en philosophie générale. Simone Weil venait en tête de liste, et je la suivais (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p.243).
− P. méton. Classe où la philosophie est enseignée comme matière principale; section d'études philosophiques à l'Université. L'année scolaire approchait de son terme. C'était pour nous, élèves de philosophie, la dernière année de collège (A. France, Vie fleur,1922, p.417).V. celui-là ex. 5.
♦ Loc. Faire sa philosophie. Il fut envoyé fort jeune à Paris pour y faire ses études. Il fit ses humanités au collége des Jésuites, sa philosophie dans l'Université (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.5, 1859, p.100).Georges Louis s'installa à Passy. C'est à Janson que mon ami devait faire sa philosophie (Gide, Si le grain,1924, p.507).
b) [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
α) Conception, système propre à un auteur, une école, un pays, une époque; ensemble des systèmes philosophiques propres à une civilisation, une culture. La véritable originalité de la philosophie grecque tient à sa perfection et non à ses commencements (Barrès, Cahiers,t.1, 1896, p.103).Il n'est pas d'expression qui vienne plus naturellement à la pensée d'un historien de la philosophie médiévale que celle de philosophie chrétienne (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p.1).Ses préjugés contre la dialectique qu'il [M. Mauss] identifiait à tort avec la philosophie hégélienne ou avec la philosophie marxiste (Traité sociol.,1967, p.19).V. évolutionniste A ex. de Bergson, indiscutable ex. 1, intégrant ex. 3.
SYNT. Philosophie de Husserl, de Plotin; philosophie bergsonienne, cartésienne, épicurienne, kantienne, platonicienne, thomiste, sartrienne; philosophie existentialiste, idéaliste, matérialiste, scolastique, sensualiste, transformiste; philosophie anglaise, allemande, arabe, chinoise, américaine; philosophie antique, classique, contemporaine, moderne; philosophies occidentales, de l'Orient.
− En partic. Nouvelle philosophie. Mouvement né de mai 1968, caractérisé notamment par la réaction aux idéologies communiste et marxiste et dont les chefs de file sont Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann. La référence à 1968, dernière imposture de la «nouvelle philosophie», rassure les belles âmes qui ne veulent lire dans les «événements de Mai» que le signe d'une crise de société sans idéal (Fr. Aubral, X. Delcourt, Contre la nouv. philos.,Paris, Gallimard, 1977, p.320).
β) Réflexion, ensemble de réflexions ayant pour objet un ordre de la connaissance, un domaine d'activité particuliers. Philosophie de l'éducation, de l'esthétique, de la logique, des mathématiques, des religions; philosophie politique, sociale. Choisir entre telle ou telle hiérarchie entre les sciences dont l'art médical utilise le savoir, autrement dit professer une philosophie de la médecine, c'est au fond professer une philosophie tout court (Biot, Pol. santé publ.,1933, p.19).S'il y a effectivement une histoire ethnique, il y a aussi une géographie et une philosophie ethniques, comme des sciences et des arts ethniques, toutes études oubliées par l'Académie (Marin, Ét. ethn.,1954, p.8).La philosophie des sciences: elle part d'un donné, qui est telle discipline déjà constituée, et s'attachant à analyser le comportement rationnel de ses spécialistes, elle dégage la structure logique de leur méthode (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p.28):
7. C'est à la philosophie du droit qu'il reviendrait de tenter la justification de certaines variations de l'expérience juridique de préférence aux autres, et de décider si tous les efforts entrepris pour réaliser la justice dans un milieu social se fondent sur une interprétation acceptable des différents aspects de celle-ci et s'ils possèdent tous la même valeur. Traité sociol.,1968, p.205.
♦ Philosophie de l'histoire
Recherche des lois générales qui se dégagent des faits historiques et qui régissent l'évolution de l'humanité:
8. Ce qu'on appelle de nos jours la philosophie de l'histoire consiste (...) dans l'étude des rapports et des lois générales qui rendent raison du développement des faits historiques pris dans leur ensemble, et abstraction faite des causes variables qui, pour chaque fait en particulier, ont été les forces effectivement agissantes. Cournot, Fond. connaiss.,1851, p.25.
[Avec un indéf. ou au plur.] Toute explication ou spéculation sur le devenir de l'humanité, sur la signification du mouvement de l'histoire. À l'origine des grandes philosophies de l'histoire du XIXesiècle, il y a cette valorisation de la Révolution française qui a substitué à la simple constatation de l'événement, la foi en l'avènement (H. Gouhier, Les Grandes avenues de la pensée philos. en France depuis Descartes,1966, p.12):
9. Les doctrines de Hegel et de Comte représentent le type de ce que l'on entend par philosophie de l'histoire. À l'aide d'un principe unique, loi des trois états ou progrès de la liberté, on organise les périodes, on apprécie leur signification, on interprète l'évolution totale. (...) La science élabore un déterminisme lacunaire, la philosophie imaginerait un déterminisme continu. Au lieu d'une nécessité construite, hypothétique et partielle, elle découvrirait dans le devenir lui-même une nécessité totale. R. Aron, Introd. à la philos. de l'Hist.,1938, p.285.
♦ Philosophie morale. Partie de la philosophie qui a pour objet l'évaluation des fins et des moyens de l'action humaine. Le but de la philosophie morale est moins d'apprendre aux hommes ce qu'ils ignorent, que de les faire convenir de ce qu'ils savent, et surtout de le leur faire pratiquer (Bonald, Législ. primit.,t.1, 1802, p.73).Parmi ces philosophies particulières [philosophie de la nature, de l'art, de l'histoire...], la philosophie morale occupe une place à part, (...) parce que, dès l'entrée, elle concerne l'homme et le concerne en sa totalité, avec ses désirs et ses problèmes. L'histoire de la philosophie le montre suffisamment, c'est par ce chemin particulier que tous les penseurs ont accédé à la philosophie (É. Weil, Philos. mor.,1961, p.12).
− P. méton. Ouvrage traitant de la réflexion philosophique sur un ordre particulier de connaissance. Taine n'a pas insisté dans sa Philosophie de l'art sur les déserts artistiques d'une époque (Arts et litt.,1935, p.64-4).
γ) Attitude, système, courant philosophique qui a comme perspective ou pour fondement tel(le) ou tel(le) thème ou méthode philosophique. Une philosophie du progrès (...) consiste à admettre que l'ensemble des sociétés et de l'existence humaine tend à s'améliorer, parfois même que cette amélioration, régulière et continue, doit se poursuivre indéfiniment (R. Aron, Introd. à la philos. de l'Hist., op.cit.,p.149).Historiquement les philosophies de l'existence apparaissent comme une protestation contre l'esprit d'abstraction et de système (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p.59):
10. La liberté affirmée, devenue le principe de la recherche et de la possession de la vérité comme du bien, rend à toutes les consciences la dignité que s'arrogent les philosophies de l'absolu. Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.XLVI.
SYNT. Philosophie de l'angoisse, de la communication, du concept, de la connaissance, de la conscience, de l'esprit, de l'essence, de l'idée, de l'imaginaire, de l'immanence, de l'infini, de l'intuition, du langage, de la liberté, du mouvement, de l'objet, de la perception, du sujet, de la transcendance, de la vérité.
δ) P. anal. Système d'idées qui éclaire un événement, une activité, un fait de société, un comportement. On a beaucoup écrit sur le voyage, car les voyageurs les plus conscients ont été de tout temps les écrivains. Il y a une philosophie du voyage (Defert, Pol. tour. Fr.,1960, p.43).Toute la philosophie des rapports mutuels [entre l'entreprise privée et le syndicat], leur loi d'équilibre, repose sur l'établissement de procédures très minutieuses qui restreignent les épreuves de force (Traité sociol.,1967, p.484).Ces pays-là [les pays anglo-saxons] ont toujours eu la même philosophie fiscale. Ils ont bâti leur équilibre de recettes à une époque où l'impôt ne drainait pas encore les masses considérables d'argent qu'il représente aujourd'hui dans les États modernes (Le Nouvel Observateur,17 mars 1975, p.53, col. 3):
11. ... ce qui a été dit sur la philosophie de la bataille et sur les arguments qu'elle met en oeuvre reste vrai quant au fond, puisque c'est le même être moral, l'homme, qui la livre toujours... Foch, Princ. guerre,1911, p.309.
♦ Loc. Chercher, dégager, faire, formuler la philosophie de qqc. Le monde, l'humanité, les capitaux, l'industrie, la pratique des affaires, existent: il ne s'agit plus que d'en chercher la philosophie, en d'autres termes de les organiser (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t.1, 1846, p.255).La grande presse (...) dégagea la philosophie de cet attentat monstrueux qui révoltait les consciences (A. France, Révolte anges,1914, p.381):
12. Sans doute veulent-ils [les socialistes] nationaliser, mais l'une de leurs pensées dominantes est déjà la méfiance envers les communistes. Ils laissent venir à eux toute une clientèle de hauts fonctionnaires et de polytechniciens; s'ils faisaient la philosophie de leur comportement, ils reprendraient la dialectique de Léon Blum, au temps du Front Populaire: leur mandat n'est pas de faire une révolution mais de construire le secteur nationalisé dans une certaine harmonie des relations sociales et politiques. Chenot, Entr. national.,1956, p.20.
− En partic. Idée directrice suivant laquelle on procède à l'établissement d'un plan, d'un projet dans le domaine économique, financier, technologique. La mode est aujourd'hui à la pierre apparente [dans les églises] (...). C'est la philosophie de la maison de campagne qui envahit nos sanctuaires (Le Monde,7 juill. 1974, p.11, col. 5).Pour le Conservatoire [du littoral], ouvrir au public un espace tout en le protégeant cela signifie qu'on y trace quelques sentiers, une aire de pique-nique (...). Cette philosophie a été rappelée lors du dernier conseil d'administration (Le Monde,5 juill. 1978, p.28, col. 2 et 3).Le gouvernement dans cette philosophie des «petits délais» [pour le versement des payes des agents de l'État] qui font les bonnes gestions, pourrait être moins innocent qu'il ne l'affirme (Libération,31 janv. 1985, p.14, col. 5).
B. − [Sans fondement théorique explicite, en tant qu'attitude spontanée ou raisonnée de l'esprit]
1.
a) Attitude ou qualité morale d'une personne qui connaît la juste valeur des choses et accepte la vie telle qu'elle est. Synon. raison, sagesse.Pauvre garçon, l'aimait-il! Allons, mon gendre, de la philosophie (...). Faut-il que ce soit moi qui vous console (...), moi qui perds ma fille! (Dumas père, Noce et enterrement,1826, 9, p.101).Léopold se voyait notaire à Paris: sa vie était devant lui comme un de ces grands chemins qui traversent une plaine de France, il l'embrassait dans toute son étendue avec une résignation pleine de philosophie (Balzac, A. Savarus,1842, p.36).La dureté de Joseph, tempérée d'humanisme et de philosophie, deviendrait peut-être de la vigueur, de la grandeur (Duhamel, Maîtres,1937, p.93):
13. ... je le voyais vieux et exilé, et meurtri de l'ingratitude des hommes, mais ferme et gai dans le malheur, et plein de cette philosophie naturelle qui fait supporter patiemment l'infortune à ceux qui ont leur fortune dans leur coeur... Lamart., Voy. Orient,t.2, 1835, p.330.
− Loc., vieilli. Avoir de la philosophie; montrer de la philosophie dans (une situation). −«Voilà une douce morale!» lui dis-je. −C'est celle de la nature. −Vous avez de l'esprit et de la philosophie! (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p.12).Ma soeur Élisa était une tête mâle, une âme forte: elle aura montré beaucoup de philosophie dans l'adversité (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.2, 1823, p.270).
b) Souvent fam. Attitude, qualité d'une personne qui reste sereine, calme, patiente quelles que soient les circonstances. Synon. sérénité.Il vient à moi, son tablier retroussé, les deux mains dans les poches de pantalon, et tranquillement, avec philosophie, le regard voyageur, il me dit: −Elle m'a f... à la porte (Frapié, Maternelle,1904, p.73).Hubert était mobilisé dans les services auxiliaires. Les conseils de révision, qu'il subissait avec philosophie, te donnaient de l'angoisse (Mauriac, Noeud vip.,1932, p.155).
2. Conception générale de la vie et du monde qu'une personne manifeste dans ses idées et dans sa conduite. Dans la vie il est aimable, affectueux, voyant les choses de haut et ne les prenant jamais par les angles; d'une philosophie d'artiste, un peu épicurien, bien vivant, toujours amoureux (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p.95).Bien peu d'hommes ont une philosophie; l'instinct et le délire, le goût féroce de frapper, voilà les forces qui les mènent (Barrès, Cahiers,t.2, 1898, p.11).Robert Empeaux, parvenu au terme de sa carrière [de magistrat], avait eu à se prononcer sur tant de misères humaines qu'il en avait acquis une philosophie sereine où le désir de comprendre l'emportait, de loin, sur la volonté de châtier (Ch. Exbrayat, Tout le monde l'aimait,1982 [1969], p.99).V. génération ex. 5, inverse ex. 4:
14. Qu'avait-il à dire en effet à ce misérable enfant? Qu'il faut accepter l'inévitable dans le monde intérieur comme dans le monde extérieur, accepter son âme comme on accepte son corps? Oui, c'était là le résumé de toute sa philosophie. Bourget, Disciple,1889, p.220.
− [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif indiquant le sens particulier d'une conduite] Tosh est, avec Marley, le chantre de la philosophie rasta. Une étrange religion qui prône le port des cheveux nattés et le retour à la mère Afrique, vénère feu Hailé Sélassié et (...) la marijuana (L'Express,28 juill. 1979, p.14, col. 1).Sous sa houlette énergique [de Jane Fonda], ces dames acquièrent l'entraînement [sportif] exact et la philosophie nouvelle: celle de l'effort (Le Figaro Magazine,11 févr. 1984, p.65, col. 1):
15. Les gars qui allaient se coucher [après la relève de la garde] filaient d'un pas lourd (...). Les autres, encore tout pleins de tiédeur et de sommeil, s'apprêtaient à subir le froid, la pluie, l'attente (...). Encore si cela avait servi à quelque chose... Mais pour garder une porte, de pacifiques tôlards, des officiers que personne ne songeait à toucher de l'ongle et trois caisses de grenades... La philosophie de l'absurde est née sous l'uniforme français. R. Fallet, Pigalle,Paris, Le Livre de poche, 1981 [1979], p.70.
II. − Arg., vx. Art de voler au jeu ou vol au jeu. Il se mit à jouer au hasard, ce que la philosophie appelle jouer au flan (C. des Perrières, [18]85 dsLarch. Nouv. Suppl.1889, p.105).
REM.
Philosophier (se), verbe pronom.,plaisant. Se fier à la philosophie développée dans tel ou tel système. V. encyclopédier rem., s.v. encyclopédie.
Prononc. et Orth.: [filɔzɔfi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1175 «ensemble de disciplines spéculatives, comprenant la logique, la morale, la physique et la métaphysique, dont l'enseignement et l'étude, fondés sur les Auctores, succédaient à ceux des arts libéraux» (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 31216); 1370-72 philosophie moral (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.157); 1379 philosophie naturelle (J. de Brie, Bon Berger, 6 ds T.-L.); 1637 philosophie spéculative, philosophie pratique (Descartes, Discours de la méthode, sixième partie ds OEuvres, éd. F. Alquié, t.1, p.634); 1647 philosophie première (Descartes, Méditations métaphysiques touchant la première philosophie); 1765 philosophie théorique (Encyclop.); b) 1553 la philosophie «les spéculations et les raisonnements de la science humaine, par opposition à la foi» (Bible, impr. J. Gérard, Coloisiens, 2, 8); 1580 «la science, sous son aspect supérieur et général, recherche de la vérité universelle des choses naturelles, humaines et divines» (Montaigne, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.160); c) ca 1756 philosophie de l'histoire (Voltaire, Mél. hist. Fragm. hist., X ds Littré); 2. 1225-50 «sagesse profonde consistant dans l'amour de la vérité et la pratique de la vertu» (H. d'Andeli, Lai d'Aristote, éd. H. Héron, 336); 1655 «haute sagesse, fondée sur le raisonnement et la méditation de la vie, et donnant une grande force d'âme dans les vicissitudes» (La Rochefoucauld, Max. 22 OEuvres, éd. A. Régnier, t.1, p.39); 3. xve-xvies. «nom donné à leur art par les alchimistes» (Petit traité d'alchimie, éd. Méon, p.207); 1573 philosophie chimique «nom donné aux opérations de l'alchimie» (J. Liébault, Le livre des secrets de medecine et de la philosophie chimique); 1721 philosophie hermétique (Trév., s.v. hermétique); 4. 1588 «manière particulière à telle époque, telle école, tel Maître, d'envisager les grands problèmes du monde et de l'âme» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. citée, t.1, p.578); 1588 «l'attitude intellectuelle particulière à laquelle quelqu'un se range, l'opinion qu'il professe quant aux problèmes de la philosophie» (Montaigne, Essais, III, 5, op. cit., t.2, p.842); 5. 1622 [date d'éd.] typogr. (E. Binet, Merveilles de nature, p.299 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. philosophia, lui-même empr. au gr. φ ι λ ο σ ο φ ι ́ α . Fréq. abs. littér.: 7072. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11466, b) 6882; xxes.: a) 7704, b) 11971. Bbg. Gohin 1903, p.299. _Sckomm. 1933, pp.103-106. _Zumthor (P.). Cf. bbg. philosophe.

 

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