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Prédire l’apparition de troubles anxieux dès l’adolescence grâce à l’intelligence artificielle

 

 

 

 

 

 

 

Prédire l’apparition de troubles anxieux dès l’adolescence grâce à l’intelligence artificielle


09 JAN 2023 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE) | NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE | SANTÉ PUBLIQUE


L’angoisse est une caractéristique commune à tous les troubles anxieux, troubles psychiatriques les plus répandus à l’adolescence. © Adobe Stock

L’angoisse est une caractéristique commune à tous les troubles anxieux, troubles psychiatriques les plus répandus à l’adolescence. Environ un adolescent sur trois est concerné. Certains de ces troubles – comme le trouble panique ou le trouble d’anxiété généralisée[1] – ont tendance à apparaître un peu plus tard dans la vie, ou à se consolider au début de l’âge adulte. Par conséquent, la détection des individus à risque élevé de développer une anxiété clinique (qui remplit des critères de diagnostic précis) est cruciale. Pour la première fois, une équipe dirigée par les chercheurs Inserm Jean-Luc Martinot et Éric Artiges, au sein du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (Inserm/ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli[2] (CNRS/Université Paris-Saclay), a recherché des prédicteurs de l’apparition de troubles anxieux à l’adolescence. Ils ont suivi l’évolution de la santé mentale d’un groupe d’adolescents de 14 ans à 23 ans. Grâce à l’intelligence artificielle, ils ont identifié les signes avant-coureurs les plus prédictifs à l’adolescence de l’apparition de troubles anxieux chez ces jeunes adultes. Les résultats de cette étude sont publiés dans Molecular Psychiatry.

Une personne souffre de troubles anxieux lorsqu’elle ressent une angoisse forte et durable sans lien avec un danger ou une menace réelle, qui perturbe son fonctionnement normal et ses activités quotidiennes. Ces troubles, dont la fréquence est élevée dans la population générale (environ 21 % des adultes seraient concernés au moins une fois au cours de leur vie) débutent souvent dans l’enfance ou pendant l’adolescence. Ainsi, un meilleur repérage dans ces tranches d’âge éviterait une aggravation des symptômes au cours de la vie.

De précédentes études ont mis en avant le pouvoir prédictif de l’intelligence artificielle dans le cadre de maladies psychiatriques comme la dépression ou encore les addictions[3]. Mais aucune étude ne s’était jusqu’alors intéressée à la recherche de prédicteurs des troubles anxieux.

Des chercheurs et chercheuses au sein du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (unité 1299 Inserm) au Centre Borelli (unité 9010 CNRS) ont tenté de détecter des signes avant-coureurs, à l’adolescence, de l’apparition de troubles anxieux à l’âge adulte.

Les scientifiques ont pour cela suivi un groupe de plus de 2 000 adolescents et adolescentes européens âgés de 14 ans au moment de leur inclusion dans la cohorte Imagen[4]. Les volontaires de l’étude ont rempli des questionnaires en ligne renseignant sur leur état de santé psychologique à 14, 18 et 23 ans. Le suivi dans le temps des volontaires a permis de mesurer l’évolution du diagnostic de l’anxiété.

Une étude d’apprentissage statistique poussée s’appuyant sur un algorithme d’intelligence artificielle a ensuite permis de déterminer si certaines des réponses formulées à l’adolescence (14 ans) avaient une incidence sur le diagnostic individuel de troubles anxieux à l’âge adulte (18-23 ans).

Trois grands prédicteurs ou signes avant-coureurs ont été mis en évidence, dont la présence à l’adolescence augmente significativement le risque statistique de troubles anxieux à l’âge adulte. Il s’agit du neuroticisme, du désespoir, et de symptômes émotionnels.

Le neuroticisme désigne une tendance persistante à ressentir des émotions négatives (peur, tristesse, gêne, colère, culpabilité, dégoût), une mauvaise maîtrise des pulsions, et une inadaptation face aux stress.

Le désespoir est associé à un faible score de réponses faites aux questionnaires évaluant l’optimisme et la confiance en soi.

Les symptômes émotionnels recouvrent les réponses aux questionnaires indiquant des symptômes tels que « des maux de tête/ d’estomac » ; « beaucoup de soucis, souvent inquiet » ; « souvent malheureux, abattu ou larmoyant » ; « nerveux dans les nouvelles situations, perd facilement confiance » ; « a facilement peur ».

Une partie de l’étude s’est par ailleurs intéressée à l’observation du cerveau des volontaires à partir d’examens d’imagerie par résonnance magnétique (IRM). Comme le développement du cerveau implique un changement de volume de différentes régions cérébrales à l’adolescence, les chercheurs ont voulu identifier dans ces images une modification éventuelle du volume de la matière grise qui pourrait être prédictive de futurs troubles anxieux.

Si l’imagerie n’a pas permis d’améliorer la performance de prédiction des troubles anxieux dans leur ensemble par rapport aux seules données issues des questionnaires, elle pourrait néanmoins permettre de déterminer plus précisément un type de trouble anxieux vers lequel une personne est susceptible d’évoluer.

« Notre étude révèle pour la première fois qu’il est possible de prédire de façon individualisée, et ce dès l’adolescence, l’apparition de troubles anxieux futurs. Ces prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés pourraient permettre de détecter les personnes à risque plus tôt et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne », explique Jean-Luc Martinot, directeur de recherche à l’Inserm et pédopsychiatre, co-auteur de l’étude.

 

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Production des cellules sanguines : apprendre de l’embryon pour faire mieux

 

 

 

 

 

 

 

Production des cellules sanguines : apprendre de l’embryon pour faire mieux

*         PUBLIÉ LE : 24/04/2024 TEMPS DE LECTURE : 3 MIN ACTUALITÉ, SCIENCE
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Manuela Tavian est chargée de recherche à l’Inserm et étudie depuis des années les mécanismes impliqués dans la mise en place du système de production des cellules sanguines chez l’embryon humain. A l’occasion de la publication d’un article dans Nature Cell Biology, elle présente une avancée importante dans le domaine effectuée en collaboration avec des chercheurs italiens.
La production continue et régulée de cellules sanguines tout au long de la vie repose sur l’existence d’une petite cohorte de cellules souches hématopoïétiques (CSH), caractérisées par leur capacité d’autorenouvellement c’est-à-dire le pouvoir de se reproduire indéfiniment sous forme indifférenciée et par leur multipotence, c’est-à-dire la capacité de produire tous les éléments du sang (globules rouges, lymphocytes, plaquettes etc.). Les CSH sont générées lors des toutes premières semaines du développement chez l’embryon, à partir d’un sous-ensemble de cellules spécialisées appelées cellules endothéliales hémogéniques.

Chez l’adulte, les CSH, localisées dans la moelle osseuse, sont largement utilisées dans le traitement des hémopathies (leucémies et certaines maladies génétiques du système sanguin). Cependant, les CSH sont rares, difficiles à identifier dans la moelle osseuse et essentiellement quiescentes chez l’adulte, ne s’activant qu’en fonction des besoins. Par ailleurs, nous manquons de protocoles qui permettent leur prolifération ex vivo (en culture) tout en gardant leur potentiel régénératif, ce qui limite énormément leur utilisation en clinique.

A la recherche de nouvelles sources
Par conséquent, depuis plusieurs années, les chercheurs se concentrent sur des méthodes alternatives de production de CSH à partir de cellules souches pluripotentes (CSP) qui ont théoriquement la capacité de se différencier en tous les types de cellules spécialisées présentes dans l’organisme.

La production ex vivo de cellules souches hématopoïétiques à partir de CSP pourrait fournir une source de cellules transplantables pour le traitement des hémopathies, augmentant également la possibilité de réaliser une auto-transplantation au cours de laquelle le patient se fait greffer ses propres cellules, limitant ainsi le risque d’échec de la greffe. Cependant, la différenciation des CSP ex vivo ne génère aujourd’hui que des cellules progénitrices produisant uniquement certains éléments du sang, mais pas des véritables CSH multipotentes capables de produire tous les types de cellules sanguines. Ceci montre que les processus d’engagement et de différentiation cellulaire hématopoïétique sont encore imparfaitement connus et maîtrisés. Pour aborder ce problème, l’étude de l’émergence des CSH au cours du développement embryonnaire constitue une voie de recherche originale et prometteuse.

Mieux comprendre les mécanismes au stade embryonnaire
Des chercheurs de l’Inserm à l’Université de Strasbourg ont mené une étude en collaboration avec des chercheurs italiens du « San Raffaele Telethon Institute » à Milan pour comprendre comment les cellules sanguines se forment dans l’embryon humain et comment ceci est régulé au niveau moléculaire.
Afin d’identifier des marqueurs spécifiques des CSH, ces scientifiques ont établi le transcriptome des cellules de la région de l’embryon humain capable de générer les CSH. Ce faisant, ils ont découvert que le gène codant pour le récepteur de la région Fc des immunoglobulines G, CD32, est un marqueur de la population de cellules endothéliales hémogéniques. En utilisant des techniques de pointe, ils ont montré que ces cellules endothéliales triées chez l’embryon humain ou dérivées de la différenciation des CSP humaines en culture ex vivo présentent un fort potentiel pour produire des cellules sanguines.

Émergence de cellules endothéliales hémogéniques marquées par CD32 (en jaune) dans l’embryon humain. Document fourni par Manuela Tavian.
Leur recherche montre que l’émergence des CSH passe par plusieurs étapes et que l’expression de CD32 marque une étape importante au cours de laquelle le processus d’engagement hématopoïétique est irréversible. Ces découvertes fournissent une méthode précise pour isoler les cellules endothéliales hémogéniques engagées vers un destin hématopoïétique qui émergent chez l’embryon humain in vivo ou dans les cultures de cellules CSP ex vivo.
Elles constituent donc une étape importante vers la production et la caractérisation de CSH ex vivo à des fins de transplantation chez les patients.

Ces découvertes sont issues d’un travail effectué dans l’unité 1113 IRFAC.
Source
Scarfò, R., Randolph, L.N., Abou Alezz, M. et al. CD32 captures committed haemogenic endothelial cells during human embryonic development. Nat Cell Biol (2024). https://doi.org/10.1038/s41556-024–01403‑0

 

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Le centre de la cellule, usine à cytosquelette.

 

 

 

 

 

 

 

Paris, le 14 décembre 2015


Le centre de la cellule, usine à cytosquelette.


Des chercheurs du CEA, du CNRS et de l’UJF mettent en évidence un nouveau rôle pour le centrosome, organite central de la cellule rattaché à son noyau : l’assemblage de filaments d’actine, éléments du cytosquelette, squelette des cellules. Le centrosome était jusqu’alors connu pour son implication dans l’assemblage d’un autre élément du cytosquelette : les microtubules. Cette découverte est décrite dans Nature Cell Biology le 14 décembre 2015.
Le cytosquelette, squelette des cellules, est composé de plusieurs familles de filaments. Les deux principales sont les filaments d’actine et les microtubules. Les premiers, courts et souples, tapissent le pourtour des cellules et leur permettent de se déformer et de se déplacer. Les seconds, longs et rigides, forment une étoile à partir du centrosome qui se trouve au centre de la cellule. Les microtubules servent ainsi de rails aux moteurs moléculaires pour transporter les protéines d’un bout à l’autre de la cellule. La structure en étoile de leur réseau permet d’intégrer des informations depuis la périphérie de la cellule vers son centre. Dans cette nouvelle étude, l’équipe de recherche vient de montrer que le centrosome assemble également des filaments d’actine. Les deux grands réseaux du cytosquelette se rencontrent donc au centre de la cellule.

Les filaments d’actine et les microtubules sont déjà connus pour interagir physiquement et
biochimiquement à la périphérie de la cellule. La croissance des microtubules affecte la contraction et l’assemblage des filaments d’actine et vice versa. Dans cette étude, les chercheurs ont mis en évidence une nouvelle interaction entre les deux réseaux au centre de la cellule. En effet, une observation minutieuse des cellules a révélé l’existence d’un réseau de filaments d’actine lié au centrosome. Des protéines impliquées dans l’origine de ces filaments ont également pu y être détectées.
Schéma d’une cellule et de son squelette
© M.Théry/CEA
En vert, les filaments d’actine
En rouge, les microtubules
Le noyau de la cellule est en bleu, le centrosome en vert
1/2
Pour mener à bien cette observation, les chercheurs ont purifié des centrosomes. Les membranes des cellules ont pour cela été dissoutes afin de pouvoir en récupérer tous les constituants internes et isoler les centrosomes. Une fois déposés sur des lamelles de verre en présence de monomères de tubuline (constituants des microtubules), ils sont capables d’en induire la croissance (en rouge sur l’image). La surprise fut l’observation de leur impressionnante capacité d’induire également la croissance de filaments en présence de monomères d’actine (en jaune sur l’image). Cette analyse in vitro, en dehors des cellules, était la démonstration des capacités des centrosomes à induire l’assemblage des deux types de réseaux.
De nombreuses questions, quant au rôle de ces filaments d’actine liés au centrosome, restent à élucider. Les réponses seront déterminantes pour comprendre des mécanismes fondamentaux des cellules, tel que le transport intracellulaire par exemple, et comment ceux- ci se coordonnent avec les mouvements et la mécanique des cellules.
Références : The centrosome is an actin-organizing center, Farina F, Gaillard J, Guerin C, Couté Y, Silliurne J, Blanchoin L, Théry M. Nature Cell Biology, online le 14 décembre 2015.

 

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Des métalloprotéines comme interrupteurs de l’expression des gènes

 

 

 

 

 

 

 

Des métalloprotéines comme interrupteurs de l’expression des gènes

25.01.2024, par Anaïs Soubeyran


Dans l’ensemble du monde vivant, des ions métalliques confèrent aux protéines des fonctions spéciales. Des chercheurs en biologie structurale sont parvenus à élucider le rôle d’interrupteur génétique de centres métalliques fer-soufre dans des protéines bactériennes.

Pour un micro-organisme tel qu’une bactérie, pouvoir réagir pour s’adapter rapidement aux perturbations de son environnement, est un processus absolument nécessaire à sa survie. Pour ce faire, elle dispose de protéines régulatrices, appelées « facteurs de transcription », qui peuvent intervenir au niveau de la lecture de l’ADN, afin de bloquer ou favoriser la synthèse d’autres protéines dont la fonction permet l’adaptation aux changements.
Pour assurer leur rôle, certaines protéines font intervenir un centre métallique, on parle alors de métalloprotéines. Le projet de recherche MANGO-ICING[1], porté par des chercheurs de l’Institut de biologie structurale (IBS), vise à élucider le rôle de plusieurs facteurs de transcription bactériens portant un assemblage d’atomes de fer et de soufre, appelé centre fer-soufre (Fe-S). Chez de multiples espèces bactériennes, ces centres sont impliqués dans la réponse à des perturbations environnementales diverses.

Des facteurs de transcription réceptifs aux signaux environnementaux
Comment des agrégats métalliques peuvent-ils capter des signaux environnementaux et jouer le rôle crucial d’interrupteur de la transcription génétique, provoquant des changements conformationnels dans la protéine régulatrice ? Pour répondre à cette question, les chercheurs de l’IBS se sont focalisés sur quatre facteurs de transcription (FT) à centre Fe-S, appartenant à une famille de protéines spécifique aux bactéries. Très proches structuralement, ces 4 FTs répondent pourtant à des signaux bien distincts, se fixant sur des séquences d’ADN particulières, afin de contrôler :
•    La concentration cellulaire en fer (par le capteur de Fe RirA) ;
•    La réponse au stress induit par le monoxyde d’azote (par le capteur de NO NsrR) ;
•    L’assemblage des centres Fe-S (par le capteur de Fe et S IscR) ;
•    L’équilibre d’oxydo-réduction de la cellule (par le capteur d’un excès d’électrons RsrR).
Quelles transformations de la structure du centre Fe-S provoquée par ces signaux peuvent expliquer de telles différences fonctionnelles pour la protéine, puis pour la bactérie ?
Piloté par Anne Volbeda, Juan Carlos Fontecilla-Camps et Eve de Rosny, le projet MANGO-ICING a pu compter sur une équipe multidisciplinaire d’une dizaine de personnes, en partenariat avec le groupe de recherche britannique de Nick Le Brun, de l’Université d’East Anglia, à Norwich. De nombreuses compétences et spécialités scientifiques ont été mobilisées : cristallographie, calculs théoriques, biochimie, ou encore spectroscopie.

Observer les métalloprotéines ou les défis de la cristallographie aux rayons X
Chaque protéine ayant une structure déterminante pour sa fonction biologique, l’équipe MANGO-ICING devait parvenir à caractériser l’agencement des atomes en trois dimensions de chacun des 4 FTs. Les étapes de production, de purification et enfin de cristallisation de ces métalloprotéines ont nécessité de délicates expérimentations dans un environnement sans oxygène, parce qu’elles y sont particulièrement sensibles. Ces conditions anaérobies ont été assurées par des « boîtes à gants » (figure 1).[2]

Figure 1: Manipulation des métalloprotéines sensibles à l’oxygène dans les « boîtes à gants » (BAG). L’équipe Métalloprotéines de l’IBS dispose d’une salle équipée de 6 BAGs, dont certaines sont équipées de robots qui simplifient considérablement le travail des cristallographes. Ce sont notamment : a, une station de pipetage, qui réalise automatiquement la préparation de nanogouttes de cristallisation dans des plaques, en utilisant des milliers de conditions avec des propriétés physico-chimiques différentes ; b, un bras robotique qui déplace les plaques de cristallisation pour les poser sous un appareil photo, afin de suivre l’apparition des cristaux au cours du temps. Souvent, dans une autre BAG, il est nécessaire de modifier, manuellement, les conditions de cristallisation pour obtenir des meilleurs cristaux. Dans la photo, on voit une des BAGs utilisées pour purifier une protéine sensible à l’O2. ©Eve de Rosny – IBS (CEA-CNRS-UGA)
Avant d’exposer la métalloprotéine à un faisceau de rayons X très puissant, un défi majeur s’impose : parvenir à la cristalliser. Eve de Rosny insiste sur le caractère empirique dans la recherche des conditions physico-chimiques de cristallisation pour chaque FT.
« Il n’y a pas de recette miracle, on teste différents sels, des agents précipitants, on modifie le pH… et de temps en temps une condition va permettre aux protéines de cristalliser, mais on ne peut pas prédire laquelle »
Des milliers de conditions ont été testées pour tenter de cristalliser les 4 FTs choisis. Iscr et RirA[3] ne se sont pas laissés cristalliser malgré plus de 3 600 conditions testées, contrairement à RsrR (figure 2A) et NsrR qui ont donné lieu à des cristaux exploitables.


Figure 2. Collection de données de diffraction d’un cristal. A) Cristaux de la forme réduite de la RsrR (taille environ 0.1 mm), obtenus en conditions d’anaérobie dans une BAG. ©Anne Volbeda – IBS (CEA-CNRS-UGA). B) Utilisation d’un faisceau très intense de rayons X (longueur d’onde fixe, réglable autour de 1 Å) généré par le synchrotron à Grenoble. ©ESRF/Jocelyn Chavit. C) Exemple d’un cliché de diffraction aux rayons X pour le cristal d’une protéine. Des milliers de clichés sont obtenus en tournant le cristal autour d’un axe perpendiculaire au faisceau de rayons X. Sur ces images, on détermine la distribution et l’intensité des tâches de diffraction qui dépendent de l’agencement des atomes dans le cristal. ©Anne Volbeda – IBS (CEA-CNRS-UGA)
Les précieux cristaux sont ensuite péchés avec des petites boucles et congelés dans la boîte à gants à -173 °C pour empêcher leur réaction avec l’oxygène ; ils peuvent alors être sortis et transportés dans l’azote liquide (-190 °C) jusqu’au synchrotron européen de Grenoble (figure 2B) à côté de l’IBS, pour être exposés aux rayons X, aussi à une très basse température d’environ -173 °C.
Il faut ensuite toute l’expertise et la patience du cristallographe, pour interpréter l’ensemble des données de diffraction obtenues grâce aux rayons X du synchrotron (figure 2C) et en déduire la structure en trois dimensions de la protéine (figure 3).
Anne Volbeda partage avec nous son enthousiasme de parvenir alors à « […] voir des choses que personne n’avait encore jamais vues. Les structures des protéines sont esthétiquement très belles. »


Figure 3. Résolution de la structure. À partir des images de diffraction, on construit un jeu de données expérimentales qui rassemble les amplitudes de toutes les ondes de rayons X diffractées par le cristal. A) Ensuite il faut de nombreux calculs pour obtenir les phases des ondes, et arriver à générer une carte de densité électronique. À partir de cette carte, le chercheur place les atomes et les liaisons qui les relient, en utilisant un écran graphique et des logiciels très performants. Dans la figure A, on voit le centre [2Fe-2S] de RsrR avec les liaisons chimiques fer-soufre en marron et jaune. Enfin, il parvient à la modélisation complète de la structure tridimensionnelle. B) Il y a plusieurs façons de représenter la structure d’une protéine – ici on voit une représentation de la surface de RsrR : les couleurs rouge et bleu montrent les surfaces avec des charges, respectivement, négatives et positives. Ensuite, il reste à résoudre la question la plus intéressante : comment fonctionne la protéine ? On parle de « relations structure-fonction ». ©Anne Volbeda – IBS (CEA-CNRS-UGA)

Élucider les liens entre la structure et la fonction du centre fer-soufre
La structure en 3D de la métalloprotéine permet aux chercheurs d’observer le centre Fe-S dans son environnement protéique. Il s’agit de comprendre comment un petit changement de structure de ce centre conduit à des changements majeurs dans le fonctionnement de la cellule.
Anne Volbeda nous explique le lien intime entre la structure et la fonction du centre fer-soufre : « C’est le centre fer-soufre qui capte le signal de l’environnement ; ensuite c’est l’interaction entre le centre et la protéine qui devient important. Le centre change sa conformation : il perd du fer, ou bien il capte ou perd un électron. Ces changements conformationnels dans l’environnement protéique, ont des conséquences pour l’affinité de la protéine pour l’ADN. »
Eve de Rosny précise qu’au sein de ces protéines, le centre Fe-S ne se trouve pas à l’endroit qui interagit avec l’ADN.
« Il y a une transmission de signal, depuis la zone de la protéine dans laquelle se trouve le centre, vers une autre zone de la protéine qui va changer de forme et conduire la protéine à ne plus reconnaître l’ADN. »
C’est donc une véritable cascade de changements structuraux dans la protéine, induite par la réaction chimique au niveau du centre Fe-S, qu’il s’agit pour les chercheurs de parvenir à retracer.
Le projet MANGO-ICING aura notamment permis de décrire structuralement le rôle d’interrupteur génétique d’un centre Fe-S, pour deux FTs.

     RsrR ou les effets en cascade provoqués par un unique électron
La résolution de la structure de la métalloprotéine bactérienne RsrR[4] (Figure 3) accompagnée par plusieurs autres analyses[5] a permis de montrer comment un simple électron pouvait moduler la capacité de fixation à l’ADN de ce FT. La capture de l’électron au centre [2Fe-2S]2+ cause l’addition d’une charge positive dans son environnent proche, provoquant ainsi un réarrangement structural qui modifie la surface de la protéine et réduit ainsi ses capacités à se fixer à l’ADN.

     NsrR ou comment contourner les défenses immunitaires de son hôte
Le projet MANGO-ICING a également permis de mieux comprendre comment le centre [4Fe-4S] au sein du FT NsrR[6], permet à une bactérie pathogénique de résister à l’une des armes immunitaires de son hôte : le monoxyde d’azote (NO). La production de ce gaz par les macrophages est un moyen de défense courant pour les organismes infectés par des bactéries. La NsrR permet à la bactérie de s’adapter et de résister à cette réponse en neutralisant le NO.
Eve de Rosny et Anne Volbeda insistent sur le caractère fondamental de leur recherche. Les applications de leurs travaux ne peuvent être imaginées que sur le plus long terme. Il s’agit pour les chercheurs d’apporter leur pierre, ou plutôt leur cristal, à la déjà vaste « encyclopédie des connaissances ».
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Ces recherches et cet article ont été financés en tout ou partie par l'Agence Nationale de la Recherche.
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[1] MANGO-ICING : Mechanisms of gene transcription regulation through iron-sulfur cluster signaling

[2] Le laboratoire de pointe de l’IBS, spécialisé dans les expérimentations en conditions sans oxygène, a été imaginé par Juan C. Fontecilla-Camps, bien avant l’émergence du projet MANGO-ICING. Il est l’une des raisons d’être de l’Institut de biologie structurale de Grenoble, créé conjointement par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le CNRS en janvier 1992.
[3] En partenariat avec l’équipe britannique de Nick E. Le Brun, Anne Volbeda et Juan C. Fontecilla-Camps, sont parvenus à stabiliser le centre Fe-S de la RirA et à modéliser partiellement la structure de cette protéine. Ceci a permis à un peu mieux comprendre comment cette protéine régule les niveaux de fer intracellulaires. Gray E et al., «
Stabilisation of the RirA [4Fe-4S] cluster results in loss of iron-sensing function ». Chemical Science, 2023 August 22;14(36):9744-9758.
[4] Volbeda A. et al., « Crystal Structure of the Transcription Regulator RsrR Reveals a [2Fe-2S] Cluster Coordinated by Cys, Glu, and His Residues », Journal of the American Chemical Society, 2019 February 13;141(6):2367-2375.

[5] Crack J.C. et al., « Electron and proton transfers modulate DNA binding by the transcription regulator RsrR ». Journal of the American Chemical Society, 2020, February 20; 142:5104-5116.

[6] Rohac R. et al., « Structural determinants of DNA recognition by the NO sensor NsrR and related Rrf2-type [FeS]-transcription factors », Communications Biology, 2022 July 30;5(1):769.

 

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